Interview

Thierry Sibieude, Président du Comité Scientifique

Partager la publication

Qu’est-ce qui vous a motivé à  accepter la présidence du comité scientifique de l’Institut d’Etudes en hommage à  Maria Nowak ?

C’est un grand honneur pour moi de rendre hommage à Maria Nowak.J’ai eu la chance de la rencontrer et de coopérer avec elle, notamment avec l’ADIE, qui est une grande réussite dans le domaine de l’entrepreneuriat et qui a accueilli plusieurs étudiants de la chaire Entrepreneuriat Sociale que j’ai créé en 2022 à l’Essec.
Maria Nowak est une figure inspirante pour les jeunes comme pour les moins jeunes, incarnant le succès et l’innovation. Elle a surmonté de nombreuses critiques pour promouvoir l’entrepreneuriat comme une solution pour ceux que le marché du travail néglige. Son courage et sa détermination sont admirables. C’est pourquoi je suis particulièrement honoré par la confiance que me témoigne le conseil d’administration de l’ADIE, qui partage cette vision de l’entrepreneuriat comme levier de changement et d’inclusion sociale. Leur soutien renforce mon engagement à poursuivre et étendre l’héritage de Maria Nowak à travers notre travail à l’Institut.

 

Quel est le rôle exact du comité scientifique au sein de l’Institut Maria Nowak ?

Le comité scientifique sera chargé de guider les études et recherches pour mieux comprendre le phénomène de l’entrepreneuriat, en explorant ses divers aspects : politiques, juridiques, sociologiques, économiques, et culturels. Cette mission s’inscrit dans la vision exprimée par Maria Nowak dans son ouvrage : « Aujourd’hui nous avons pour objectif de développer en France l’entrepreneuriat populaire, c’est-à-dire de permettre à tous ceux qui ont la capacité et la volonté de créer leur emploi, de le faire. »

Le comité scientifique établira les priorités de recherche et sélectionnera les axes principaux sur lesquels nous concentrerons nos efforts.

 

Quels sont les principaux axes de recherche que vous souhaitez explorer dans les prochaines années ?

L’entrepreneuriat connaît une forte croissance, avec 250 000 nouvelles entreprises créées chaque année et un taux de croissance de 10 % par an. Ce phénomène se caractérise par une diversification accrue, attirant des individus de divers horizons, notamment des jeunes, des femmes, des personnes peu diplômées, et des personnes handicapées. Depuis la création du statut de micro-entrepreneur en 2009, l’entrepreneuriat est devenu un levier important pour les jeunes des Quartiers Prioritaires de la Ville (QPV) et des zones de revitalisation rurale (ZRR), leur offrant des opportunités d’épanouissement professionnel et personnel. L’entrepreneuriat s’est ainsi démocratisé et popularisé, en devenant accessible à un plus grand nombre.

Notre recherche se concentrera sur l’impact de ces évolutions.

Nous examinerons notamment :

Les effets sur les entrepreneurs eux-mêmes, tels que l’inclusion, l’intégration, les niveaux de revenus et l’épanouissement.

Les répercussions sur le monde du travail, notamment les aspirations professionnelles, le cumul d’activités, et les relations sociales.

Les implications pour la société dans son ensemble, en incluant le système social, l’innovation (y compris sociale), et la cohésion sociale à l’échelle des territoires.

 

Comment l’héritage de Maria Nowak influence-t-il les orientations scientifiques de l’institut ?

L’héritage de Maria Nowak, surnommée « la banquière de l’Espoir », influence profondément les orientations scientifiques de l’institut. Elle a consacré sa vie à promouvoir l’initiative économique et la création d’entreprise, même parmi les plus pauvres. Comme l’a souligné Frédéric Lavenir, elle a défié « l’idée que le chômage et la pauvreté sont une fatalité, en faisant confiance à la créativité et aux talents de tous », suivant ainsi l’esprit de la citation de Rilke : « Il faut savoir que les choses sont sans espoir. Et tout faire pour les changer. »

À l’image de Maria Nowak, l’institut s’engage à remettre en question les idées reçues et les préjugés. Il privilégiera une observation rigoureuse de la réalité et une analyse sans concession pour formuler des recommandations à la fois efficaces et bénéfiques pour les individus et la collectivité. Le tout, sans opposition de l’un à l’autre et sans hiérarchisation de l’un par rapport à l’autre. L’objectif est de dépasser les postures idéologiques pour se baser sur des faits avérés et se donner les moyens de passer aussi souvent que possible de ce que l’on croit à ce que l’on sait.

 

Comment comptez-vous impliquer la communauté scientifique plus large dans les travaux de l’institut ?

Pour impliquer la communauté scientifique plus large dans les travaux de l’institut, nous nous appuyons sur un Conseil Scientifique (CS) composé de deux grandes catégories d’experts :

_Professeurs universitaires et des académiques de renom : Ces experts apportent une vaste expertise dans des domaines variés tels que l’économie urbaine, la sociologie, l’entrepreneuriat, et l’innovation sociale. Parmi eux, nous comptons Édouard Dequeker (économie urbaine), Romain Slitine (entrepreneuriat territorial), et Laurence Fontaine (sociologie). Leur présence nous permettra d’élargir notre perspective en intégrant les meilleures équipes universitaires engagées dans leur domaine, avec lesquelles nous pourrons coopérer.

_Praticiens de haut niveau : Ces professionnels incarnent la diversité des profils d’entrepreneurs aujourd’hui et apportent une expertise pratique précieuse. Parmi eux, Pauline Arnaud Blanchard (fondatrice de l’association H’up Entrepreneur pour l’entrepreneuriat des personnes handicapées), Aziz Senni (président de Quartiers d’affaires pour l’entrepreneuriat des QPV), Françoise Lareur (présidente de la Fondation Macif, pionnière de l’innovation sociale), Thierry Raco (ancien directeur des études de l’ADIE), et Valérie Lion (rédactrice en chef de ViveS pour l’entrepreneuriat des femmes). Leurs expériences et leurs parcours enrichiront nos travaux et faciliteront des collaborations avec divers acteurs de terrain.

 

Comment l’institut prévoit-il de diffuser ses recherches et découvertes auprès du grand public ?

Nous veillerons à déterminer les protocoles de recherche et à retenir les méthodes et outils qui nous permettront de rester en permanence connectés à la réalité du terrain et à l’écoute des entrepreneurs.

L’équipe de l’IMN sous la direction de Alice Rosado, DGA de l’Adie produira régulièrement des publications diffusées aux différents acteurs de l’entrepreneuriat.

L’Institut travaillera en très étroite collaboration avec les équipes de l’ADIE, et plus particulièrement, avec la direction de la communication qui a largement démontrer son savoir-faire et sa capacité à choisir les meilleurs canaux d’information et de communication pour porter les bons messages et organiser des événements permettant de faire rayonner l’IMN.

En outre, nous porterons une attention toute particulière à l’information et à la formation des étudiants et des jeunes sur ces enjeux de l’entrepreneuriat populaire.

 

 

Plus d’actualités

toutes les actualités